Une fausse belle vie vendue sur les réseaux sociaux
Sally Bilaly SOW fait l’état des lieux de la tendance mondiale qui consiste à s’exposer sur les réseaux sociaux : « les gens cherchent beaucoup plus de likes, beaucoup plus de commentaires” introduit-il.
L’expert poursuit que la plupart, une fois en Europe, font croire à leurs concitoyens qu’ils mènent une belle vie et que tout va bien. Il souligne également qu’à travers une large observation, il constate que ce n’est qu’une partie de l’iceberg qu’on nous vend sur les réseaux sociaux: «Lorsqu’on échange avec certains jeunes qui s’exhibent sur les réseaux sociaux et qui sont en occident, ils vous disent clairement comment ils mènent leur vie dans des conditions souvent difficiles et compliquées qui parfois ne peuvent pas pousser d’autres jeunes à l’exil.»
Le coordinateur de l’Association Villageois2.0 demande à tous ceux qui se laissent influencer par les réseaux sociaux de se poser des bonnes questions. Est-ce que ces images reflètent la personne qui publie ? Est-ce que aller sur TikTok, voir ce que les amis font, c’est ce qui prouve qu’ils mènent une belle vie ?
A cette tendance, cet activiste conseille une démarche pédagogique à déployer afin que les gens comprennent véritablement que ce n’est pas l’image qu’on prétend nous montrer qui reflète la vraie réalité. Les images cachent parfois « une vie amère, tantôt misérable, que personne ne souhaite pour son prochain », souligne-t-il.
« L’eldorado existe partout. Ce qui est nécessaire, c’est de renforcer les campagnes d’informations autour de la migration, en expliquant la procédure légale d’obtention d’un visa. En ce moment, aucune image publiée sur les réseaux sociaux ne pourrait influer intégralement la décision d’un jeune d’emprunter la route de la migration irrégulière.” rappelle Sally Bilaly SOW.
Toujours selon le web activiste le manque d’informations pour l’obtention de visa désoriente souvent les jeunes qui ne sont pas conscients qu’ils ont des profils qui intéressent, “ d’autres pays, en Afrique voire même dans leurs pays respectifs. »
Sally Bilaly recommande de renforcer la conscientisation : « il faut sensibiliser les jeunes et les parents, il y a cette interdépendance entre décision et pression sociale qui poussent les gens à émigrer irrégulièrement. Dire aux gens de rester c’est pas leur dire qu’ils sont des malchanceux, rester ne veut pas dire que nous sommes paresseux mais que nous essayons à notre manière malgré l’existence de plusieurs plateformes qui nous font miroiter des opportunités d’emploi et d’embauche pour servir de main d’œuvre dans tel ou tel autre pays. »
Pour des campagnes de sensibilisation digitales efficaces, le blogueur privilégie de mettre en avant : « les personnes qui ont réussi chez soi pour qu’elles puissent passer le message aux internautes souvent berner par les images de ceux qui sont à l’étranger. A en croire l’expert en Civic Tech cela doit passer par l’élaboration et le développement d’ une approche digitale de vulgarisation des textes de lois sur la migration qui, “serait fondamentale, tout en expliquant aux jeunes de prendre une distance face aux réalités des médias sociaux.»
“Les gens ont migré avant l’arrivée des réseaux sociaux. Cependant, la migration passe beaucoup plus à une vitesse supérieure à travers les médias sociaux dans la mesure où ils amplifient les tentations », mentionne l’expert et consultant en Civic Tech.
Abdoulaye BARRY est la manifestation concrète de l’influence des réseaux sociaux sur les jeunes quand il s’agit de migration: « personnellement, je suis souvent tenté de rejoindre l’occident quand je vois la publication des collègues qui y vivent. Quand je vois un ami qui poste une image de lui avec de belles chaussures, de belles voitures, je suis souvent motivé pour prendre la route. »
Ce raisonnement de ce jeune guinéen montre que les réseaux sociaux sont des véritables facteurs qui conduisent souvent les jeunes à l’émigration d’où la préconisation de Sally Bilaly SOW de travailler sur des outils didactiques et pédagogiques pour déconstruire les clichés autour de la migration. Sur un échantillon de 10 jeunes interrogés en Guinée par Dialogue Migration, les 7 sont influencés par les réseaux sociaux pour rejoindre l’occident.
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