De plus en plus, la migration est une thématique au cœur de diverses productions audiovisuelles, littéraires et artistiques. Âgée de 27 ans, Justencia Débora Mbembo est une Gabonaise, auteure, scénariste, spécialisée dans le livre pour enfants et le cinéma d’animation. En dehors de son pays natal, elle a vécu au Niger et au Bénin. Depuis quelques années, elle s’illustre en tant que réalisatrice de films d’animation pour enfants avec pour thématique centrale la Migration. Avec Dialogue Migration, la scénariste peint sa perception de la migration et lève le voile sur ses expériences sur le sujet ainsi que sur ses perspectives.

Vous pilotez un projet de film d’animation pour enfants qui traite de la migration. De quoi s’agit-il ?

Actuellement je travaille sur un projet de série animée dénommée ‘’Anaya, le prix du rêve’’. Cette série traite de l’immigration motivée par les réseaux sociaux, car aujourd’hui en plus des fléaux sociaux et naturels, les réseaux sociaux sont l’une des motivations à la migration de la jeunesse africaine.

Pourquoi avoir orienté cette thématique sur des enfants, et fait le choix des film d’animation ?

Nous avons choisi de cibler tout le public sans distinction  d’âge, car selon nous c’est dès l’enfance que nous devons éduquer et sensibiliser. Le cinéma d’animation est pour nous le meilleur moyen d’y arriver. Nous espérons par la suite un changement de regard des jeunes africains face à l’immigration .

Quels résultats escomptez-vous ?

Le but de ce projet est de véhiculer un message. Nous espérons à la suite de cela un changement de regard des jeunes africains face à l’immigration.

Vous êtes Gabonaise, vous avez vécu également au Niger et au Bénin pour ne citer que ces pays-là, quel est votre regard sur la migration en Afrique, et dans les pays que vous avez visité hors de l’Afrique ?

J’ai eu l’immense chance de pouvoir beaucoup voyager et côtoyer différentes réalités. A mon humble avis, que ce soit en Afrique comme en Europe, il existe la bonne et la mauvaise migration. Quand on immigre dans un pays avec des motivations, des raisons où des bases solides, il est plus facile de s’intégrer  et de contribuer au développement socio-économique dudit pays.  Ce sont les difficultés d’intégration de certains migrants qui font en sorte que les autochtones appréhendent l’immigration.

Vous avez à un moment donné côtoyé de jeunes africains qui étaient en cours d’immigration d’un pays à un autre pour aller en occident. Avez-vous de leurs nouvelles ? Quelle lecture faite vous de ce ‘’phénomène’’ ?

Pendant mon séjour à Niamey j’ai pu côtoyer des migrants venant d’Afrique centrale et se dirigeant vers la Méditerranée en traversant le désert. J’ai longtemps échangé avec eux, mais j’ai perdu leurs traces au niveau de Ceuta. Ça laisse un sentiment mitigé et j’espère qu’ils sont en vie. C’est le mieux que je puisse leur souhaiter, la vie.

Quelles sont vos perspectives face à cette réalité et la thématique de la migration ?

Honnêtement, je ne saurais quoi dire. Nous vivons dans un monde divisé par les frontières et où nos intérêts sont souvent ailleurs que chez nous. Il est impossible de dire que l’immigration prendra fin un jour, mais nous pouvons œuvrer pour qu’elle soit plus sécurisée et mieux encadrée.

Quelles sont vos projections en terme de réalisation en lien avec la migration ?

Mon objectif est de toucher un maximum de personnes afin qu’on soit plus nombreux à agir chacun à sa manière face à ce phénomène, qui endeuille notre continent, jour après jour.