
Le 20 janvier 2025, le président Donald J. Trump a signé une nouvelle proclamation dans le cadre de son décret présidentiel 14161 visant à protéger les États-Unis contre les menaces terroristes et sécuritaires étrangères. Dans la droite ligne de sa politique migratoire déjà controversée lors de son premier mandat, cette décision marque le retour d’une stratégie de suspension ciblée de visas, s’appuyant sur des critères de sécurité nationale, de coopération consulaire et de respect des lois migratoires américaines.
Dans cette nouvelle proclamation, le Togo, le Burundi et la Sierra Leone font partie des sept pays soumis à des suspensions partielles de visas pour les catégories B-1 (affaires), B-2 (tourisme), F (études), M (formation professionnelle) et J (échanges culturels). Ces restrictions, bien que moins sévères que celles imposées à douze autres pays, traduisent des préoccupations claires de Washington.
Les chiffres en cause :
Selon les données du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS), le Togo affiche un taux de séjour illégal de 19,03 % pour les visas d’affaires et de tourisme, et de 35,05 % pour les visas d’études, de formation professionnelle et d’échanges culturels.
Le Burundi présente un taux de séjour illégal de 15,35 % pour les visas d’affaires et de tourisme, et de 17,52 % pour les visas étudiants et d’échanges.
La Sierra Leone enregistre 15,43 % de titulaires de visas d’affaires et de tourisme, et 35,83 % de ceux bénéficiant de visas d’études, de formation professionnelle et d’échanges culturels ayant dépassé la durée autorisée.
Ces statistiques, extraites du rapport annuel du Département de la Sécurité intérieure (DHS), révèlent une tendance préoccupante de non-conformité parmi certaines nationalités, en particulier dans les catégories de visas étudiants et de séjour temporaire.
Ce que reproche Washington au Togo
Outre les taux d’overstay élevés, le Togo est accusé d’un manque de coopération consulaire et de lacunes dans le partage d’informations sécuritaires et d’identification des ressortissants. Des critères jugés essentiels par les États-Unis pour évaluer la fiabilité d’un pays partenaire dans la lutte contre le terrorisme international et le respect des lois migratoires.
La mesure ne signifie pas une interdiction totale d’entrée, mais une restriction sélective qui pourrait évoluer si les autorités togolaises améliorent leur coopération et mettent en œuvre des mécanismes de contrôle et de partage d’informations plus robustes.
Une décision lourde de conséquences
Pour les citoyens togolais, cette suspension partielle risque de freiner les projets d’études, d’échanges culturels ou professionnels avec les États-Unis. Elle pourrait également affecter l’image du pays sur la scène internationale, en le positionnant parmi les États perçus comme “à haut risque” par Washington.
Une invitation à l’action pour les gouvernements africains
Cette décision peut être perçue comme un signal d’alarme à l’attention des gouvernements africains : le respect des obligations diplomatiques, la mise à jour des systèmes d’identification, le retour des nationaux expulsés et le partage de données sécuritaires deviennent des conditions incontournables pour maintenir de bonnes relations avec les États-Unis.
Pour le Togo, il s’agira d’un chantier diplomatique et sécuritaire à prendre au sérieux afin d’éviter de basculer vers une suspension totale des visas, comme c’est le cas pour des pays tels que le Tchad, l’Érythrée, ou la République du Congo, eux aussi africains et lourdement sanctionnés dans cette proclamation.
Le Togo et d’autres pays africains sont aujourd’hui appelés à renforcer leur engagement dans la coopération sécuritaire et consulaire avec les États-Unis. Au-delà des chiffres, il s’agit d’une opportunité pour repenser la gouvernance migratoire, moderniser les systèmes de passeports, et mieux accompagner les ressortissants à l’étranger pour éviter que quelques cas isolés ne pénalisent tout un peuple.