
C’était l’une de ses nombreuses promesses de campagne. Et bien quand Donald Trump pense à une chose, il faut s’attendre à qu’il passe à l’acte. Même si pour l’heure aucun charter, à son bord des ressortissants Sénégalais, n’a atterri sur le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne, il faut rester sur ces gardes.
“Le meilleur moyen pour apprendre à se connaître c’est de chercher à comprendre autrui”. Cette allégation d’André Gide, le moins que l’on puisse dire n’est pas partagée par le plus puissant dirigeant de la planète, Donald Trump. Pour preuve, lors de son premier mandat, Donald Trump réalisait 80 000 expulsions chaque année, selon les chiffres officiels de l’agence fédérale de contrôle de l’immigration et des douanes. Un chiffre qui a connu une baisse sous l’administration Biden, avec 35 000 expulsions chaque année. Après les murs érigés à la frontière avec le Mexique, le chef de la Maison Blanche “l’esprit revanchard”, part tout simplement sur des déportations en masse des migrants vers leurs lieux de départs. Soulignons d’emblée que plus 1 689 Sénégalais figurent sur le registre de la police de l’immigration américaine avec un avis d’expulsion définitive. Ces ressortissants, parmi près d’un million et demi d’étrangers inscrits sur cette liste, font face à une politique migratoire de plus en plus stricte mise en place par les autorités américaines.
La juridiction américaine comme dernier rempart
Cependant et fort heureusement dira-t-on, il existe un certain contre poids susceptible d’ébranler le plan de Trump. Car si les nombreux pays concernés paraissent désarmés face au locataire de la Maison Blanche, l’objection pourrait être interne. En effet, tel un Cheval de Troyes, le garde-fou au trumpisme plus que jamais affiché peut être attendu de la juridiction américaine. C’est du moins, l’avis du président du Réseau des experts juristes africains sur la migration en Afrique de l’ouest et du Centre, Abdou Khadre Diop. “J’ai récemment été aux États-Unis, plus précisément au F16, mais il dit d’emblée que les jeunes en situation irrégulière sont traumatisé par ce que compte faire le président Donald Trump”. Après ce retour d’expérience de l’Amérique, le par ailleurs professeur agrégé des universités évoque cette contre pouvoir qui puisse juguler cette expédition humaine qui semble pointer à l’horizon. “Pour l’heure, seule le droit pourrait tordre la main au président milliardaire. Ainsi nous osons espérer que les juristes américains vont se montrer récalcitrants afin de soustraire tous ces migrants du mega embarquement humain que compte organiser Washington”.
Emboîtant presque sur le même pas que le professeur sénégalais, le conseiller d’État, président adjoint de la section de l’intérieur, Guillaume Goulard laisse entendre que c’est loin d’être une sinécure. “Il est est clair que la juridiction américaine constitue aujourd’hui une nette barrière face à ce que prône le président Trump. Mais en même temps, c’est loin d’être acquis dans la mesure où les membres de la Cour Suprême, le nec plus ultra de la justice aux États-Unis, sont élus par Donald Trump lui-même. Maintenant il faut garder espoir pour qu’ils tiennent tête à leur maître. Mais encore une fois, rien n’est écrit d’avance “. Ce par ailleurs juriste de profession s’exprimer sur le sujet à l’occasion du 6ème Forum Harmattan sur la migration.
La correspondance du Vatican
Outre les magistrats américains qui pourraient peser sur la balance, l’autre contrepoids susceptible de faire entendre raison à Trump émane directement du Saint-Siège. En effet, pas plus tard, le 11 février, dans une lettre pastorale en à l’endroit des évêques des 195 diocèses que comptent les États-Unis, le pape François a fait montre d’un désaccord limpide face à une de ces nombreuses facettes du trumpisme. “J’ai suivi de près la crise majeure qui se déroule aux États-Unis avec le lancement d’un programme de déportations massives. La conscience bien formée ne peut manquer de porter un jugement critique et d’exprimer son désaccord sur toute mesure qui identifie tacitement ou explicitement le statut illégal de certains migrants à de la criminalité”, peut-on parcourir sur la fameuse missive papale. Toutefois cette dernière accepte Il faut aussi “reconnaître le droit d’une nation de se défendre et de protéger les collectivités contre ceux qui ont commis des crimes violents ou graves dans le pays ou avant leur arrivée”. Mais selon la correspondance vaticane, le mouvement humain est souvent motivé, presque toujours d’ailleurs, par cet instinct de survie, comme explicité dans les lignes qui suivent. “Cela dit, l’acte de déportation de personnes qui ont souvent quitté leur propre terre pour des raisons d’extrême pauvreté, d’insécurité, d’exploitation, de persécution ou de grave détérioration de l’environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, ainsi que de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité et d’absence de défenses particulières”.
Sur cette même lancée, la lettre du Vatican, insiste malgré tout sur la nécessité de privilégier la condition humaine. “J’exhorte tous les fidèles de l’Église catholique, et tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, à ne pas céder aux récits qui discriminent et causent des souffrances inutiles à nos frères migrants et réfugiés. Avec charité et clarté, nous sommes tous appelés à vivre dans la solidarité et la fraternité, à construire des ponts qui nous rapprochent toujours plus, à éviter les murs de l’ignominie et à apprendre à donner notre vie comme Jésus Christ a donné la sienne pour le salut de tous”.
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