Son nom évoque ses origines hexagonales, mais depuis près d’une quinzaine d’années, ce ressortissant français s’est « sénégalisé ». Lionel Mandeix, sur qui Dialogue Migrant braque son appareil photo dans cet article-portrait, n’est ni plus ni moins, que le photographe attitré du président de la République, Macky Sall, depuis 2017. L’homme confie avoir bourlingué 10 ans en France et 5 ans en Chine avant de déposer ses pellicules en Afrique, plus précisément au Sénégal.
Débuts difficiles et polémiques au pays de la Téranga
Dialogue Migration est entré en contact avec l’homme qui a validé l’entrée de ce ressortissant français au Palais de la République du Sénégal. Mamadou Thiam, donne les raisons de son recrutement et comment Lionel est devenu, avec le temps, le photographe attitré du Président Macky Sall.
“C’est moi qui ai recruté Lionel, avec tout le tollé que ça a provoqué à l’époque. Il fallait réunir l’équipe que je dirige pour voir quelles sont les compétences requises et les compétences réelles. Et en Ressources humaines, c’est là que le plan formation intervient pour lever les écarts entre les compétences dont on a besoin et celles réellement acquises par le personnel. C’est dans ce sens que Lionel avait été recruté, d’abord pour former les photographes (du Palais) »,
nous confie, ce responsable qui coordonne la cellule de Communication de la Présidence du Sénégal. Qui ajoute : « parce qu’un photographe, de nos jours, ne dit pas seulement maîtriser la photo. Tu dois aussi maîtriser les logiciels de retouche. Donc, c’est devenu un métier plus complexe »
En effet, comme le souligne Monsieur Thiam, le recrutement de Lionel Mandeix a été accompagné d’une vague d’indignations. A la veille de l’élection présidentielle de 2019, les photographes sénégalais avaient dénoncé l’embauche d’un « européen blanc » venu pour leur ôter le pain de la bouche. Les attaques à son endroit se sont multipliées dans la presse nationale. Surtout après la fuite dans la presse d’une critique jugée irrespectueuse à l’endroit des photographes sénégalais mis sur la touche à son profit. Sur le motif de la mise à l’écart, il aurait lâché ceci : « piètre qualité des photos, absence de maîtrise de certains logiciels de traitement de photos, défaut de maîtrise de la fonction sous certains de ses aspects…»
A l’époque, le très réputé photo-journaliste béninois, Erick-Christian Sèdo Ahounou, ancien de l’Agence France Presse et lauréat plusieurs fois de Prix internationaux de Photo-journalisme, était monté au créneau pour remettre les choses à l’endroit. « Si c’est vraiment ce qu’a dit Monsieur Mandeix, je trouve la phrase discourtoise et ne l’approuve pas du tout. Prestataire et formateur, qu’il joue son rôle, mais parler ainsi d’autres collègues pose problème. Je reconnais les qualités d’excellent photographe de Lionel, mais le Sénégal rengorge aussi d’excellents également. Le mythe du Blanc ou le complexe du Blanc est un autre problème sénégalais. Certaines mentalités sont à décoloniser », disait-il dans une tribune largement diffusée dans la presse sénégalaise.
Celui qui opère entre Cotonou et Dakar avait ajouté ceci à l’endroit des photographes sénégalais : « Les collègues de la Présidence ont certes besoin de recyclages, mais la méthodologie utilisée est loin d’être la bonne. La photographie, comme beaucoup de métiers, surtout aujourd’hui, avec la technologie qui évolue à une grande vitesse, est une affaire de mise à jour, pour être compétitif et performant. Les collègues, au lieu de dormir sur le titre, auraient dû réclamer ce recyclage supplémentaire, pour mieux porter leurs nouveaux habits. »
Dans un article du quotidien sénégalais Kritik, publié le 22 mars 2019, Lionel Mandeix est accusé de publier sur ses Réseaux sociaux des images qui devaient rester secrètes au niveau des archives du Palais.
« Il a choisi de vivre au Sénégal »
Lionel Mandeix semble toujours marqué par cette période très trouble de contestations et d’attaques contre sa personne dans la presse sénégalaise et sur les réseaux sociaux. La preuve, contacté par Dialogue Migration, pour parler de ses liens et de son attachement au Sénégal, il a émis le souhait de ne pas s’exprimer. « De peur que mes propos soit détournés et interprétés à des fins politiques, je préfère me taire. Parce que quoi que je puisse dire sur moi, ça va faire parler », dit-il de l’autre bout du fil.
Toutefois, il n’est pas homme à détourner facilement de ses « Objectifs ». Lionel a su tout de même s’imposer. Mais également bien s’intégrer dans la société sénégalaise. Et quoi de plus fort que d’établir le lien du sang pour forger son ancrage dans une communauté.
« Lionel, même si je n’ai pas de relation très personnelle avec lui, j’ai de bonnes relations professionnelles avec l’homme. Mais d’après ce que j’en sais, il a choisi de vivre au Sénégal depuis plusieurs années, de travailler au Sénégal, d’investir au Sénégal. Parce que Lionel est chef d’entreprise. Il a une agence de communication qui est installée à Dakar », informe, Mamadou Thiam, l’un des messieurs Com’ de la Présidence du Sénégal.
Avant d’ajouter en guise de complément d’information, comme pour conforter l’intégration de Lionel dans la société sénégalaise: « maintenant, le simple fait pour moi, qu’une personne décide de venir s’installer au Sénégal, d’y investir, d’y vivre, d’épouser une sénégalaise, c’est déjà des marques très positifs par rapport à son engagement et à son ancrage dans ce pays. Il a un fils qui est Sénégalais, il emploie des Sénégalais, paie ses impôts au Sénégal ».
Basé à Dakar, intervenant fréquemment en Europe et en Asie, via son entreprise de communication, Lionel Mandeix évolue depuis 30 ans dans le monde de l’image et du film.
Quick Links