À l’instar de nombreux pays africains, la République de Guinée accueille plusieurs migrants venus de tous horizons. Si certains d’entre eux aspirent à poursuivre leur chemin vers les pays occidentaux, d’autres préfèrent aller dans les pays africains à la quête de meilleures perspectives économiques. “Dialogue Migration” fait un zoom sur deux communautés de la sous-région, bien intégrées en Guinée.
Abdoulaye Ndiaye, une escale de…21 ans
Abdoulaye N’Diaye est d’origine sénégalaise. C’est en 2002 qu’il a posé ses valises en Guinée après avoir parcouru plusieurs pays africains dont le Niger, le Soudan et l’Algérie, dans les années 1990. Ce pays qui ne devait être qu’un point de passage est devenu une terre d’accueil pour le Sénégalais depuis 21 ans. « Je voulais juste traverser le pays pour me rendre en Côte d’Ivoire », confie-t-il. Aujourd’hui âgé de 51 ans, Abdoulaye N’diaye tient un petit commerce dans la préfecture de Labé, en Moyenne Guinée.
Il raconte qu’une fois à Labé, ville située au nord du pays, il se retrouve à court d’argent. « C’est dans ces circonstances que j’ai croisé un de mes compatriotes sénégalais qui m’a suggéré de me lancer dans les petits commerces en revendant des brochettes » dit-il. En plus des conseils prodigués, son compatriote lui achète tous les matériels pour démarrer l’activité.
Abdoulaye Ndiaye s’improvisa dans ce business pendant trois mois. Il économisa la modique somme 250.000 GNF (environ 19 mille francs CFA, à l’époque). Flairant qu’il pouvait réussir quelque chose dans la préfecture de Labé, il décide d’y rester en s’activant, cette fois dans la vente de thé et de pain.
Selon lui, ses différentes activités, lui ont permis de construire une maison au Sénégal et d’acheter une parcelle en Guinée.
Baaye Samba Sène, l’entrepreneur globe-trotteur
Selon l’ambassade du Sénégal en Guinée, contacté par “Dialogue Migration”, 10% des ressortissants Sénégalais vivant en Guinée, s’activent dans la construction.
Baaye Samba Sène âgé de 66 ans en fait partie. Après avoir passé sept ans en Algérie, il rejoint la France et s’installe à Marseille durant un an. Mais, les “conditions très difficiles ” en France le poussent à rebrousser chemin et à rentrer au Sénégal. En 1992, il rejoint une de ses sœurs qui vit en Guinée depuis plusieurs années.
Une fois arrivé, Baaye Sène, constate, selon lui, que plusieurs lieux étaient en construction. Grâce à sa sœur, il décide de rester et mettre en œuvre son métier d’ingénieur de bâtiment. Au fil des années, Monsieur Sène, s’adapte à la vie en Guinée et décroche des contrats de construction de bâtiments et devient même une petite célébrité locale dans le domaine. « Je suis à l’aise, je suis connu un peu partout en Guinée, surtout à Labé. Tout le monde me connaît. Car c’est moi qui ai construit la moitié des étages qui se trouvent à Labé » dit-il tout fier.
Selon lui, son savoir-faire lui a valu d’être très sollicité pour la construction de mosquées.
Edouard Mensah, de l’enseignement à la construction
Edouard Mensah, est Togolais et s’est installé en République de Guinée dans les années 80, « juste après la prise du pouvoir par le Comité militaire pour le Redressement National, à la mort d’Ahmed Sékou Touré en 1984 », précise-t-il.
C’est sous les encouragements d’un compatriote qu’Edouard Mensah décide de rallier la Guinée pour y enseigner. Cependant, c’est dans la construction que le Togolais s’est retrouvé. Et pour cause : « en faisant les démarches, je n’ai pas pu avoir une place” , affirme-t-il.
C’est durant ces démarches, selon lui, qu’il a finalement croisé un de ses “grands frères” qui travaille dans la construction des bâtiments. Ce dernier lui propose de travailler ensemble. « Nous avons travaillé ensemble pour la construction de l’ambassade de France en Guinée. Au fil des années, j’ai fini par apprendre le métier petit à petit » se confie-t-il à “Dialogue Migration”.
En Guinée, selon Haut Conseil des Togolais (HCT) de l’étranger, 45% des Togolais vivant dans le pays sont dans la construction des bâtiments,
Dans son métier, il a, selon lui, eu la chance de travailler avec la coopération militaire française basée en Guinée. A travers cette collaboration, il dit avoir eu plusieurs autres chantiers, notamment la construction du « centre de formation de l’École militaire de Maneya ».
En dépit de la lenteur des activités, Edouard Mensah assure s’en sortir économiquement. Son activité lui permet de subvenir à ses différents besoins.
Pour les besoins de son travail, il a eu à voyager à l’intérieur de la Guinée, précisément à Faranah, Macenta, Kissidougou et dans la région du Foutah. Ces déplacements lui ont permis de s’intégrer plus facilement, affirme-t-il. Aujourd’hui, le ressortissant togolais dit comprendre la langue Soussou, un peu de Malinké et Pular.
Kodjo Kolié, à la recherche de meilleures conditions vie
Kodjo Kolié, a servi plusieurs années dans son pays natal au Togo en tant qu’enseignant. C’est en 2010, qu’il décide d’émigrer en Guinée. Il va y poursuivre son métier d’enseignant en qualité de professeurs de Mathématiques, Physique et Chimie, dans de nombreux établissements scolaires de la capitale guinéenne. Comme 30% de ses compatriotes qui s’activent dans l’enseignement en Guinée, Kodjo Kolié confie s’être installé en Guinée pour mieux gagner sa vie.
« Les gens se déplacent pour aller à la recherche d’ opportunités d’emploi et de meilleures perspectives économiques » explique-t-il. Et de poursuivre : « Si je gagnais au Togo, le quart de ce que je gagne en Guinée, j’allais rester chez moi » , assure-t-il.
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