“Pour comprendre les migrations, il est essentiel d’écouter les histoires individuelles, car ce sont elles qui donnent vie aux chiffres.” C’est ce que prononçait l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie lors de son discours en 2016 pendant la conférence TEDxEuston, où elle abordait les migrations et l’importance de saisir les expériences humaines derrière les données statistiques.

En effet, les informations concernant les migrations des Africains ont souvent été présentées de manière négative en raison de divers facteurs, notamment les clichés et stéréotypes, la désinformation exacerbée par la prolifération des médias à l’ère du numérique, ainsi que les clivages et enjeux politiques et sociaux, tels que la montée de la xénophobie et du populisme.

À notre époque, le discours sur les migrations africaines est plus que jamais marqué par une perception négative et rebutante dans l’imaginaire collectif, amplifié par un traitement tendancieux de l’information par les médias mainstream. Cela alimente la stigmatisation et les stéréotypes, et contribue à faire la place à des idées reçues qui peignent au fil du temps un tableau sombre des migrations africaines. Citons quelques exemples :  

• La focalisation sur les migrations vers l’Europe, sans considérer les migrations intra-africaines ou vers d’autres régions du monde (On estime à peu près que 80% des migrations s’opèrent à l’intérieur du continent africain);
• L’idée que tous les migrants africains entrent dans un pays de manière clandestine, omettant les voies légales;
• La perception que les Africains sont principalement des migrants réfugiés économiques ;

• L’idée que les migrants africains augmentent la criminalité ou le chômage;
• Le narratif de “fuite” : Le cliché selon lequel tous les migrants africains fuient leur pays par désespoir;
• La réduction Des migrants à des stéréotypes culturels ou ethniques;
• La perception que les migrants sont une charge pour les pays d’accueil, ignorant le côté positif des migrations africaines (contributions à la croissance économique des pays d’accueil en intégrant le marché du travail, comblant les pénuries de main-d’œuvre, leur résilience, etc”

Pourtant, la migration est un phénomène naturel, constitutif de l’expérience humaine, et il est influencé par des facteurs environnementaux, économiques et sociaux. Comme le disait Félix Houphouët-Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire : “L’homme est un éternel migrant ; il est toujours en quête d’un lieu où il pourra mieux s’épanouir.”  

Dans ce contexte, il est primordial pour Dialogue Migration de maintenir sa démarche en adoptant un regard renouvelé sur les migrants africains. Pour ce faire, en diffusant une information à la fois contextualisée et précise, tout en plaçant l’humain au centre de l’analyse et de la réflexion.  

Dans cette optique, la première phase du projet Dialogue Migration, cristallisée par le lancement de la plateforme dialoguemigration.com en 2022, a visé à garantir un traitement équilibré des enjeux migratoires. Cette plateforme a mis à la disposition du public une information fiable, juste et respectueuse des droits humains et de la dignité des personnes. Une attention particulière est portée aux femmes et aux mineures. 

Pour atteindre cet objectif, la plateforme s’appuie sur une équipe éditoriale qui a déjà publié 167 articles en français et en anglais. Ces publications couvrent des thématiques aussi variées que diversifiées.

Ces producteurs de contenus – issus du Niger, de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Sénégal, de la République de Guinée, du Bénin et de la RDC – ont réussi à faire de la plateforme un lieu d’actualité, de fact-checking et d’accès aux données ouvertes et un espace de dialogue sur la migration, à travers des rubriques consacrées aux témoignages, récits, vérifications et contributions du public sur le sujet de la migration. 

Pour un nouveau cap

Après cette première phase, l’aventure se poursuit pour contribuer à un changement durable de paradigme sur les migrations africaines, avec une ambition renouvelée de sensibiliser, d’informer et de mobiliser les consciences pour une approche humaine et respectueuse des migrations. Retrouvez une équipe renforcée par des arrivées de journalistes de la Côte d’Ivoire et du Togo. 

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