C’est plus d’une vingtaine d’années que Cyprien Baza, réfugié rwandais, vit au Burkina Faso. Parti de son pays suite au génocide de 1994, Baza dit avoir tout perdu. Près de trente ans après, il n’a toujours pas les nouvelles de sa famille. Sans langue de bois, Baza qui ne « croit pas à l’avenir » nous retrace son parcours. Récit.
Bonnet noir sur la tête, barbe blanche et d’une forme svelte, Cyprien Baza a quitté son Rwanda natal suite au génocide de 1994 qui a fait près d’un million de morts. Il passe tour à tour par la RDC, le Congo Brazza, ensuite le Soudan puis le Burkina Faso. Et c’est depuis 1999 qu’il vit au pays des Hommes intègres.
C’est au quartier Goughin de Ouagadougou, en face du Haut-commissariat des réfugiés (HCR), qu’il nous a donnés rendez-vous. Il sera rejoint par Nadeem Ahmad, son ami Pakistanais, réfugié également. « Suite au problème du Rwanda je me suis retrouvé en RDC puis au Congo Brazza. En cette période, rare étaient des pays qui acceptaient de recevoir des Rwandais. C’est ainsi que je me suis retrouvé au Soudan. Et c’est du Soudan que le HCR m’a amené au Burkina Faso », retrace-t-il son parcours. Mais avant le Burkina Faso, poursuit-il, il est passé par la Côte d’Ivoire. Il raconte qu’il a été amené au Burkina par le HCR dans le cadre d’un projet pilote de réinstallation. Mais visiblement, rien ne semble être fait dans ce sens. Il dit n’avoir bénéficié ni de la réinstallation dans un autre pays ni de l’intégration locale, car selon lui, le HCR refuse toute discussion allant dans ce sens.
Il indique d’un doigt timide une tente faite de bâche, de l’autre côté de la voie. Il s’agit de son ‘’logement’’. « J’y vis depuis quatre ans et trois mois », a-t-il confié. Pour lui la vie semble perdue du moment où, justifie-t-il, avoir tout perdu : « Je suis seul au monde. Je n’ai plus personne au Rwanda. Je défie quiconque de m’aider à trouver ne serait-ce qu’un seul membre de ma famille et je repartirai. Ils ont été tués. S’ils étaient en vie, j’allais les retrouver. Les ONG et mêmes les églises m’ont aidé à chercher les membres de ma famille mais rien ».
Près de 30 ans après, sans revoir son pays ni sa famille, Baza est loin d’être nostalgique : « Je ne compte plus sur mon pays. Mon pays ne me manque pas ». De toutes les façons, de son avis, il n’est plus en mesure de retourner dans son pays car sa sécurité est en jeu.
La vie dans la capitale burkinabè est loin d’être rose pour le Rwandais qui dit vivre « grâce aux passants, aux usagers de la voie ». « Ce n’est pas une vie ! », s’exclame-t-il. Il ajoute : « Je suis humilié. Je suis abandonné ».
De son séjour au Burkina Faso, Baza dit avoir eu deux enfants dont il dit craindre pour leur avenir au regard de sa situation en tant que père. « Ce qui me reste c’est la mort », confie-t-il, désespérément.
Il invite les Hommes à privilégier le dialogue face à un problème afin d’éviter des situations fâcheuses. « Ce qui s’est passé au Rwanda devrait inspirer d’autres pays mais on n’apprend rien de ce qui se passe ailleurs comme si ça ne pouvait arriver qu’aux autres », conclut-il.
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