
Le Sahara, immense et impitoyable, est bien plus qu’un désert : il est le théâtre de récits poignants où courage et danger se croisent. En traversant ce vaste territoire, des milliers de migrants mettent leur vie en péril, confrontés à une insécurité omniprésente et des défis incommensurables. Mais au milieu de ces épreuves, des initiatives émergent pour apporter secours et espoir. Découvrez comment l’ONG Alarm Phone Sahara, aux côtés des forces armées et de la société civile, lutte pour sécuriser ces trajets périlleux, tout en affrontant les complexités d’un paysage législatif changeant au Niger.
Une reprise des convois pour contrer les dangers du désert
Les axes routiers traversant le désert sont souvent le théâtre de violences et d’accidents. Dans ce contexte, le système de convoyage organisé est devenu une mesure essentielle pour limiter les risques encourus par les migrants. Le coordonnateur de l’organisation, Chefou Azizou explique que cette initiative est actuellement la meilleure solution pour assurer une certaine sécurité. « Les conducteurs qui traversent seuls le désert sans soutien courent de grands dangers », précise-t-il.
Les conséquences des trajets solitaires sont particulièrement lourdes lorsque les secours sont absents. Mais il note une évolution positive : « Ces derniers temps, des équipes militaires sont intervenues pour secourir des migrants en détresse. Elles les ont conduits vers des zones sécurisées. » Pour Alarm Phone Sahara, qui a pour mission de répondre aux appels d’urgence, ces actions sont un pas dans la bonne direction. « Si l’armée s’engage à ce niveau, cela mérite d’être salué », déclare Chefou.
L’intervention de l’armée dans le sauvetage des migrants marque un tournant, car elle vient en complément des efforts des ONG et de la société civile, souvent en première ligne. Ces actions coordonnées, bien que limitées dans leur portée, renforcent la sécurité dans une région où les défis sont nombreux.
L’abrogation de la loi 2015-36 et ses conséquences sur l’organisation des départs vers le Maghreb
L’abrogation de la loi 2015-36 en 2023 par les nouvelles autorités au pouvoir depuis juillet 2023, a entraîné des répercussions inattendues. Alarm Phone Sahara a réagi en sensibilisant chauffeurs, migrants et passeurs sur les nouvelles réalités. « Nous avons organisé des rencontres pour informer les acteurs concernés. Nous les encourageons à emprunter les itinéraires officiels et à utiliser les gares routières reconnues, comme celles d’Agadez ou Dirkou », souligne Chefou Azizou.
Les changements législatifs ont transformé les comportements. Le numéro vert de l’ONG, autrefois largement utilisé pour signaler les détresses ou informer sur les déplacements, est aujourd’hui moins sollicité. Selon Chefou, cette diminution pourrait être liée à une baisse des départs ou à l’adoption de trajets plus isolés. Ces nouveaux comportements, bien qu’ils réduisent la visibilité des convois, accentuent les risques liés à l’insécurité et aux attaques par des bandits.
Les défis du système de migration
La migration à travers le Sahara est marquée par des incertitudes et des dangers. En plus des problèmes sécuritaires, les migrants sont confrontés à des conditions climatiques extrêmes, au manque de ressources et à la désorientation dans le désert. Ces épreuves, souvent sous-estimées, amplifient les risques de pertes humaines.
Alarm Phone Sahara joue un rôle crucial en offrant une assistance aux migrants. En distribuant des cartes contenant un numéro d’urgence et en menant des campagnes de sensibilisation, l’ONG tente de minimiser les dangers et d’encourager l’utilisation de routes officielles. L’objectif est de fournir des informations essentielles et de rappeler aux acteurs concernés l’importance de la sécurité.
Le coordonnateur souligne néanmoins que les trajets solitaires demeurent un problème majeur. Ces déplacements individuels, souvent motivés par des considérations de sécurité ou de discrétion, compliquent la localisation des migrants en cas de problème. Cette situation met en évidence la nécessité d’une collaboration accrue entre les autorités, les ONG et les acteurs communautaires.
La mobilisation des parties prenantes dans la migration
Malgré les défis, les actions conjointes de l’armée, des ONG et des autorités locales montrent des avancées. Les efforts de sensibilisation et les interventions d’urgence contribuent à améliorer la sécurité des migrants. Toutefois, ces initiatives doivent être renforcées pour répondre à l’ampleur des dangers.
Chefou Azizou insiste sur l’importance d’un équilibre entre les efforts militaires et civils. Si l’intervention des forces armées permet de sécuriser certaines zones, elle doit être complétée par des programmes de formation, d’information et de soutien communautaire. Cette approche intégrée est essentielle pour offrir une protection durable aux migrants.
Une migration complexe et des solutions à construire
La migration au Niger, et plus largement dans le Sahel, reste un phénomène complexe. Les contextes sécuritaires, législatifs et socio-économiques influencent les dynamiques migratoires. Dans ce paysage en constante évolution, les migrants sont souvent contraints de choisir entre des options limitées, souvent risquées.
Alarm Phone Sahara continue de jouer un rôle vital. En s’adaptant aux réalités changeantes et en multipliant les initiatives, l’ONG reste un acteur clé dans la protection des migrants. Pourtant, comme le souligne Chefou Azizou, les défis restent nombreux. Les efforts actuels, bien que significatifs, doivent être soutenus par une mobilisation collective et des solutions innovantes.
Le désert saharien, vaste et impitoyable, demeure un lieu de passage périlleux pour les migrants. Mais grâce à la détermination d’acteurs comme Alarm Phone Sahara, combinée aux initiatives des autorités et de la société civile, des progrès sont possibles. La sécurité des migrants doit rester une priorité, car derrière chaque trajet se cache une quête d’espoir et de survie.
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