Le Bénin, comme bon nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, reste une destination prisée de travailleurs venus de divers horizons. Aussi bien du continent africain que du monde. Dans cet article , Dialogue Migration a répertorié des difficultés auxquelles peuvent être confrontés des travailleurs migrants dans le pays et dressé quelques réflexes qu’ils devront développer pour une migration en toute quiétude.
Les migrations vers l’Afrique de l’Ouest ont augmenté en chiffres absolus, mais ont diminué en pourcentage de la population, passant de 2,5% en 1990 à 1,9% en 2020. Cependant, cette tendance à la baisse s’explique en grande partie par une réduction du nombre de réfugiés depuis les années 1990, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) . De nos jours, dans l’espace ouest-africain, les mouvements migratoires intra-régionaux, essentiellement dominés par la migration de la main-d’œuvre, drainent environ 7,5 millions d’individus. Soit sept fois plus importants que les mouvements migratoires de l’Afrique de l’Ouest vers le reste du monde, y compris vers l’Europe et l’Amérique du Nord, d’après l’étude intitulée ‘’Crise et population en Afrique’’. Au Bénin on retrouve dans cette catégorie, des communautés originaires des pays limitrophes que sont le Niger, le Togo, le Nigéria, le Burkina-Faso ; ainsi que les ressortissants de la sous-région ouest africaine, du reste du continent et du monde, notamment de l’Asie et de l’occident.
De l’avis d’acteurs intervenant sur la question de la migration au Bénin, notamment des ONGs, ces derniers sont confrontés pour la plupart, à diverses formes de contraintes liées aux barrières linguistiques et au non-respect des textes qui régissent la protection de leurs droits et l’exercice de leurs devoirs.
Ils sont également confrontés à des violations qui touchent à leur dignité humaine, dans les domaines de l’accès aux services sociaux de base, notamment dans les secteurs de la santé, l’éducation, l’exploitation des ressources naturelles, l’accès à la justice et aux services administratifs, relèvent-ils.
Précautions à prendre pour émigrer au Bénin
Plusieurs raisons poussent un individu à quitter son pays d’origine. Les plus fondamentales sont la survie et la recherche d’une vie meilleure. Ce, grâce notamment à l’obtention d’un travail décent. Pour une migration réussie, mieux connaître ses droits, ses obligations et les structures vers lesquelles l’on peut se tourner en fonction des questions qu’on se pose est de mise.
Afin d’émigrer au Bénin, il est recommandé de se munir d’un Passeport ou tout document de voyage en cours de validité. Il faut également des certificats internationaux de vaccinations le cas échéant, faire la demande et obtenir un visa d’entrée en ligne. Toutefois, tout africain venant au Bénin, quel que soit son pays d’origine, a la possibilité d’y séjourner pendant 90 jours sans visa. Passé ce délai, il faut se faire délivrer un visa ou une carte de séjour, selon l’activité exercée et la durée de séjour pour régulariser sa situation, suivant l’article 20 de la loi portant régime des étrangers en République du Bénin.
Des droits garantis au travailleurs migrants
Au Bénin, les textes de loi garantissent aux migrants, des droits et devoirs. Il s’agit notamment du droit à la liberté de circuler, le droit de résidence et le droit d’établissement. Il y a également, le droit de s’établir et de vivre partout au Bénin avec sa famille, ainsi que celui d’accéder à une activité et de l’exercer, d’exercer une activité salariée en vertu d’un contrat de travail à durée déterminée au cours des deux premières années de la résidence régulière de l’étranger ou de l’immigrant au Bénin, comme l’indique l’article 26 de la loi n° 98-004 du 27 janvier 1998 portant code du travail en République du Bénin et les conventions collectives.
De même, au Bénin l’immigrant a le droit de connaître ses droits et devoirs. Il dispose du droit au visa du contrat de travail en tant que travailleur étranger (employé expatrié). L’obtention de ce visa est subordonnée au permis de travail. Ce permis a une durée de 12 mois renouvelables, comme l’indiquent les articles 27 et 28 de la loi 1998 portant code du travail en République du Bénin et les conventions collectives.
Dans le pays, le migrant dispose du droit à l’instruction lui et ses enfants, ainsi que l’accès aux opportunités de travail au même titre que les nationaux béninois, bien que des spécificités existent. Il a également le droit de se constituer en association apolitique ou intégrer des associations existantes. Aussi, en lien avec l’Objectif de Développement Durable 3, il bénéficie du droit à un meilleur état de santé qui soit. Une fois les conditions remplies, au Bénin le travailleur migrant a le droit de demander et d’obtenir la nationalité béninoise. Il a également le droit de réclamer ses droits, et de saisir les juridictions compétentes pour obtenir justice au besoin. Quant aux réfugiés, ils peuvent obtenir le droit à l’asile.
Des devoirs du travailleur migrant au Bénin
Comme tout autre citoyen vivant au Bénin, le travailleur Migrant à des devoirs. Au nombre de ceux-ci, l’article 20 la loi portant régime des étrangers en République du Bénin précise qu’il a le devoir de se faire délivrer une carte de séjour trois mois au plus tard, après son arrivée dans le pays. Le dossier de demande de carte de séjour conformément à l’article 21 de ladite loi est composé de : un casier judiciaire du pays d’origine ou de dernière résidence ; un certificat d’hébergement ; un certificat médical ; un contrat de travail visé par les services compétents du ministère du travail ; une justification de ressources suffisantes ; une Carte d’inscription au registre du commerce ou à un ordre professionnel pour les commerçants et autres professionnels ; et la présentation d’une Caution de rapatriement ou d’une dispense de caution.
En effet, le travailleur migrant a également le devoir de s’informer sur les lois de la République du Bénin. A cet effet, la Plateforme Multi-acteurs de la migration au Bénin (PMB) située à la Bourse du Travail à Cotonou reste un partenaire disposé à accompagner les travailleurs migrants.
De même, le travailleur migrant a le devoir de respecter les lois du Bénin, son pays d’accueil. Il doit faire les formalités pour obtenir le visa du contrat de travail, en tant que travailleur étranger. A noter que l’obtention de ce visa est subordonnée au permis de travail. Ce permis a une durée de douze mois renouvelables tels que le précisent les article 27 et 28 de la loi n° 98-004 du 27 janvier 1998 portant code du travail en République du Bénin et les conventions collectives.
Outre cela, le travailleur migrant a le devoir de se présenter au Chef de son Quartier ou Village et connaître la représentation de son pays d’origine sur le territoire béninois. Egalement, a-t-il le devoir de scolariser ses enfants, filles comme garçons; payer régulièrement ses impôts et taxes; subvenir aux besoins de ses enfants conformément à la Convention relative aux Droits de l’Enfant, à la Charte Africaine des droits et du Bienêtre de l’enfant et de la loi n° 2015-08 du 8 décembre 2015 portant Code de l’enfant. Ainsi que le devoir de coopérer avec tout service compétent dans la recherche de la vérité et pour la sécurité du Bénin, son pays d’accueil.
A noter que le Bénin s’est doté d’un riche corpus de dispositifs juridiques élaborés dans le cadre de Conventions internationales ou d’accords bilatéraux en faveur de la protection des migrants et membres de leurs familles. Cependant, il importe d’une part, de vulgariser davantage ces textes de loi et de les renforcer là où c’est nécessaire. D’autre part, il est urgent d’informer et de former les migrants sur leurs droits et devoirs, tel que conféré par le cadre normatif qui garantit leur protection en République du Bénin, relève la Plateforme Multi-acteurs de la migration au Bénin (PMB); un réseau multi-acteurs créé en 2019 et regroupant entre autres, des organisations syndicales, des organisations de la société civile, des associations des migrants de la diaspora.
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