Certes, on ne choisit pas son lieu de naissance, mais on peut choisir où l’on veut vivre ! Pourquoi un groupe de personnes privilégiées, aurait-il toute latitude à se mouvoir à son gré sur la planète, tandis qu’une cohorte de laissés -pour compte, devrait se résoudre à rester cantonnée dans un espace circonscrit, sous prétexte de régulation des flux humains. Quel continent, s’est donc jamais peuplé sans migration ? Quel pays s’est construit sans des vagues migratoires successives ? Ce n’est pas parce que des minorités extrémistes, radicales et ne pouvant tolérer la différence, se braquent contre tout ce qui vient de l’extérieur, tout ce qui symbolise l’autre, qu’on devrait jeter l’anathème ou stigmatiser les communautés étrangères.
Ce n’est pas toujours de gaieté de cœur que des personnes quittent des territoires où elles sont nées et ont grandi, laissent derrière elles familles, amis et autres sécurités humaines, bref tout ce qui leur est cher ici-bas, pour tenter l’aventure de se réaliser sous des cieux qu’elles espèrent plus cléments. L’ambition qui pousse des hommes et des femmes, jeunes ou moins jeunes à se déplacer d’un point A, n’a d’égale que l’espoir d’humanité, de solidarité et de fraternité qu’ils escomptent trouver à un point B.
Fuir les affres de la guerre ou les ravages écologiques, est devenu l’autre raison qui pousse aujourd’hui tant d’humains sur toute la surface de la terre à rechercher un « ailleurs ».
Si aujourd’hui de nombreux jeunes quittent le sol africain pour se rendre en Europe notamment, c’est aussi parce qu’un certain mythe demeure entretenu autour de ces destinations. Et leur désillusion face à l’irresponsabilité des élites gouvernantes de leur pays, n’est pas pour en atténuer les effets.
C’est parce que tout un faux discours est construit autour de la migration avec son cortège de rêves savamment entretenu et vendu, que la question intéresse. Tant que le débat demeurera biaisé, passionné et économiquement rentable pour d’aucuns, l’envie de partir perdurera chez cette jeunesse qui s’est convaincue qu’il n’y avait pas d’autre horizon pour elle. On donne ainsi au gré des mauvaises fortunes de ces embarcations en haute mer ou au large des côtes avec une mauvaise foi consommée, l’impression que tout le continent africain veut débarquer en Europe…s’il n’était pas déjà en train de le faire.
Donc, il faudra casser tous ces mythes et déconstruire le discours autour de la question migratoire. D’autant plus selon l’Organisation des Nations Unies, le nombre de migrants internationaux dans le monde était de 272 millions en 2019. Et contrairement à ce que font penser les médias mainstream et les divers camps politiques qui font leurs choux gras de la question, entre 60 et 90% des migrants (selon les régions) se déplacent dans un pays situé dans la même zone géographique. En Afrique par exemple, 80% des migrants ne quittent pas le continent. Pourtant, des informations diffusées tendent à faire croire le contraire.
D’une question humaine, la migration se retrouve au centre de clivages, d’enjeux politiques et sociaux avec la résurgence de la xénophobie et du populisme, dont les premières victimes sont toujours les migrants. Ces attitudes stigmatisantes à leur endroit, finissent par déshumaniser les migrants. On en parle plus que comme de “vulgaires paquets” dont on ne sait souvent pas quoi faire.
Il y a de ce fait, un besoin criard d’avoir une information plus juste sur cette question pour ramener le sujet à ses justes proportions, au niveau auquel il doit être traité : en une question humaine. De la guerre au changement climatique, de la pauvreté économique à la discrimation ethnico-raciale…, les causes migratoires sont multiples. Le traitement « intéressé » de l’information qui a trait à l’immigration entretient l’imagination populaire et nourrit les clichés.
Tout est fait pour que le migrant soit perçu comme un fardeau, celui qu’on peut indexer facilement pour en faire la source de tous les maux. On ne parle jamais du migrant comme celui qui enrichit le monde, favorise le brassage culturel et religieux, rapproche les peuples. On ne parle jamais du migrant comme celui qui tient certaines économies, se sacrifie pour des nations hôtes, ….
Dialogue Migration a pour mission de parler de toutes ces omissions volontaires et d’assurer en même temps un traitement équilibré et posé des enjeux relatifs à la migration sans rechercher le sensationnel. Un accent particulier sera mis sur les femmes et les personnes mineures. Le but est de mettre à la disposition du public l’information la plus juste et la plus équitable et qui sera conforme au respect des droits humains et de la dignité de la personne.
De Dakar à Goma, en passant par Conakry, Nouakchott, Cotonou, Ouagadougou et Niamey, nos sept producteurs de contenus et fact-checkers vont partager une autre facette du phénomène avec des récits qui reflètent le mieux la réalité et qui contribuent à humaniser la question. Ensemble, pour casser un mythe, le mythe !
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